L'apothicairerie
Poudre de lombrics
Pot à pharmacie. Poudre de lombric, quatrième quart 18e siècle, faïence de grand feu © Musée de la faïence et des beaux-arts, Frédéric Blandin, Nevers, NF 1332, cliché Youri Gavriloff, avec leur aimable autorisation
Pauvre lombric ! Cuit, distillé, réduit en poudre, le ver de terre était d’abord utilisé comme graisse, servant de liant dans laquelle on incorporait d’autres ingrédients. Certains, tel Pierre Pomet (1658-1699), proposent de l’utiliser pour frictionner les membres, afin de lutter contre les états stériles.
D’autres, comme Nicolas Lémery (1645-1715), dans sa pharmacopée universelle, le trouvent bon pour le scorbut, l’apoplexie, la paralysie, et en font de l’eau de ver de terre magistrale (« aqua lombricorum magistralis ») et de l’esprit de vers (« spiritus lombricorum magistralis ») dans une magnifique recette dévoilée ci-dessous. En la scrutant attentivement vous y décèlerez peut-être d’étranges caractères, qui correspondent à des indications chimiques.
Aujourd’hui, le lombric est encore utilisé dans la pharmacopée chinoise pour traiter l’asthme ou l’épilepsie.
La recette de Nicolas Lémery (1645-1715)
Botaniste et pharmacien français. Amateur de voyages, il ramena de ses séjours à l’étranger différentes drogues et épices qu’il exhiba au Jardin de Plantes de Paris. Il en tira une Histoire des drogues (1694).
Apothicaire, chimiste et médecin français. Chimiste de formation, il est arrivé tardivement à la médecine. Il a marqué l’histoire de la chimie pour avoir tenté d’appliquer une approche corpusculaire à cette science alors balbutiante. Le livre qu’il a publié en 1675, le Cours de chimie, devenu un classique de la littérature scientifique, connut dès sa sortie un succès considérable et fut régulièrement réédité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.