Avant la science, fabuleuse médecine

En résumé

La médecine n’est pas une science exacte, et son histoire est faite de tâtonnements. Nos médicaments et traitements modernes furent précédés d’autres, qui s’avérèrent suivant l’époque inutiles, sans effet, voire nocifs. Savoir antique, sagesse des Anciens… la fabuleuse médecine d’autrefois fut bâtie sur autant de vérités que de chimères. On soigna l’être humain à coup de théories et de remèdes qui paraissent aujourd’hui bien désuets. Les corps et les esprits en subirent les croyances jusqu’à l’essor d’une véritable science médicale.

Aujourd’hui comme hier, le savoir médical n’est pas un savoir figé, mais un long cheminement. En parcourant l’exposition « les impasses de la médecine », en découvrant les sentiers abandonnés, on mesure le chemin parcouru pour arriver à la médecine actuelle.

Chapitre 1Le bézoard, pierre fabuleuse

Gravure « Animal portant le Bezoar » dans : Histoire générale des drogues Seconde partie, livre premier : Des animaux, par Pierre Pomet (f. 10), 1694, Gallica

Cette pierre chargée de mystères et supposée d’une grande valeur pharmacologique est bien connue des amateurs d’Harry Potter et des cabinets de curiosités. On prétendait la trouver au Moyen Orient dans l’estomac d’un animal mythique du même nom, mi-chèvre, mi-cerf. C’était, paraît-il, un excellent anti-venin, et en posséder une était synonyme de puissance et de richesse.

Martinet, « Capricerva orientalis, chèvre de bézoart », gravure dans : Description, vertus et usages de sept cents dix-neuf plantes (pl. 705), 1767, WikiCommons

Le premier bézoard aurait été rapporté de Perse ou de Chine par Avenzoar (1092 ? – 1162), un médecin arabe du 12e siècle. Ce dernier le préconisait comme traitement de la jaunisse supposée être causée par ingestion de poison.

Gravure « Bezaar » dans : Hortus sanitatis par Johannes Cuba, 15e siècle, Medica, BIU Santé Médecine, Paris

Du 12e au 17e siècle, son usage se répandit et se diversifia. Elle devint un remède universel propre à combattre vertiges, petite vérole, dysenterie, maux cardiaques, jaunisse, colique, épilepsie, rage, etc. De l’Europe à l’Orient, de la Russie à l’Amérique du Sud, on utilisait le bézoard en poudre, en infusion, ou encore en talisman.

Gravure Bézoard en infusion, dans Amœnitatum exoticarum politico – physico – medicarum fasciculi V… par E Kaempfer, 1712, p. 394, Medica, BIU Santé Médecine, Paris

On pouvait sucer la pierre comme un bonbon, ou l’enchâsser dans une bague pour l’appliquer directement sur les morsures et les piqûres venimeuses pour annuler l’effet du poison.

Bague avec une pierre de bézoard, 17e siècle, Livrustkammaren, WikiCommons, photographiée par Erik Lernestål

On vit apparaître des bézoards de gazelle, de mouton, de porc-épic, de rhinocéros, d’éléphant, de vache, de singe, de caïman, de grenouille… ainsi que des contrefaçons de bézoard.

Gravure « Bezoard de grenouille » dans : Hortus sanitatis par Peter Schöffer, Allemagne, 1491, WikiCommons

Son efficacité fut toutefois mise en doute dès le 16e siècle. Charles IX demanda à Ambroise Paré (1509-1590) s’il pouvait exister un tel objet miraculeux, apte à protéger de tous les poisons. Le célèbre chirurgien testa alors le bézoard sur un condamné à mort qui accepta d’avaler un poison puis une préparation bézoardique contre l’assurance qu’il serait gracié s’il survivait. Il mourut dans de grandes souffrances et Ambroise Paré put affirmer qu’un tel remède n’existait pas, à cause de la diversité d’action des poisons.

En 1808, le chimiste Claude-Louis Berthollet (1749-1822) analysa trois pierres de bézoard que Napoléon avait reçues en cadeau du Shah de Perse. Il en conclut qu’un bézoard était en fait constitué de sels calcaires enrobant des résidus ligneux.

Gravure « Le saro du Japon (Capricornis crispus) » dans : The Cambridge Natural History, Volume X, Mammalia (fig. 176), 1902, WikiCommons

Analysée aux rayons X dans les années 1970, la pierre fabuleuse se révéla être un caillou ou un calcul de cholestérol, resté piégé dans l’estomac de l’animal et autour de laquelle s’enroulent des poils et des résidus de végétaux. La concrétion macère et tourne dans l’estomac jusqu’à obtenir un aspect uniforme.

Bézoard, or, 17e siècle, Kunsthistorisches Museum Vienne, WikiCommons

Aujourd’hui le bézoard continue de nous intriguer. Il est toujours étudié par les universités japonaises et fait partie de la pharmacopée chinoise. Cette pierre si particulière reste un objet très prisé dans le monde des collectionneurs et peut atteindre des prix élevés.

Theriaca Magna, la thériaque

Pot à thériaque (vue de face et de dos), étain, Collection personnelle

Cette ancienne préparation pharmaceutique très complexe et très célèbre fut inventée au 1er siècle après J.-C. par Andromaque l’Ancien, médecin de Néron. Il modifia la composition de l’ancien remède grec appelé mithridate en y incorporant de la chair de vipère, dont on croyait qu’elle protégeait du venin puisque la vipère est le seul serpent immunisé aux morsures de ses congénères.

Gravure sur bois représentant la fabrication de troches thériaques à partir de chair de vipère, dans : Hortus Sanitatis, 1536, Wellcome Library, Londres

Le nom du remède vient du grec theriakos, « relatif aux bêtes sauvages »… ainsi qu’à leurs morsures et piqûres empoisonnées.

Gravure sur bois représentant la préparation de la thériaque, dans : Le Livre sur la distillation, par Hieronymus Brunschwig, v. 1505, Wellcome Library, Londres

Pour l’obtenir, on mélangeait ensemble des dizaines d’éléments, dont les plus importants étaient :

M. Charas, Nouvelles experiences sur la Vipere…, pl. I (ap. p. 58), Paris, 1672, Bibliothèque de Toulouse, Fa D 909
M. Charas, Nouvelles experiences sur la Vipere…, pl. II (ap. p. 60), Paris, 1672, Bibliothèque de Toulouse, Fa D 909
  • le castoreum, sécrétion grasse très odorante des glandes préputiales du castor mâle
Frontispice pour Thériaque d’Andromachus, avec une description particulière des plantes, des animaux & des minéraux.. par Moyse Charas,…, Paris : L. d’Houry, 1685, Gallica
  • la plante papaver somniferum (opium), sous forme de poudre fine
A. Caillaux, Tableau général et description des mines métalliques et des combustibles minéraux de la France, pl. XVII, Paris : J. Baudry, 1875, Bibliothèque de Toulouse, CM 25736
  • le miel, à l’origine de la consistance molle du remède

En additionnant tous ces ingrédients on pensait en cumuler les effets, selon le principe aujourd’hui caduque de la polypharmacie. La thériaque servit d’abord de contrepoison puis, à force de rajouter des substances médicamenteuses pour tenter d’en augmenter l’activité, elle devint un médicament universel, une panacée utilisée pour guérir la peste, la rougeole, la petite vérole et toute autre maladie contagieuse.

Aleardo Terzi, d’après D. Ramponi, La manufacture de thériaque à Bologne, 1818, Wellcome Library, Londres

La préparation de la thériaque se faisait sur la place publique, sous l’égide des autorités locales, car elle était l’objet de convoitises, de malfaçons et de pratiques charlatanesques (appelées « triacleries »).

Pot à thériaque, faïence © Mairie de Toulouse, musée Paul-Dupuy, Inv. 8108, cliché M.-P. Chaumet

À Toulouse, sa confection se déroulait sur la place du Capitole. Les ingrédients étaient conservés dans une chambre de l’hôtel de ville, dont seuls les capitouls avaient la clef. Des affiches publiques annonçaient dans la ville la préparation magistrale. Les représentants du roi et les professeurs de médecine étaient invités en tant que témoins. Le vase qui servit pour la préparation est aujourd’hui conservé au musée des Arts précieux Paul-Dupuy.

J.L. Rigaud, B. Barthe, J. Boutes, La Composition de la theriaque, du mithridat…, Toulouse : Desclassan, 1689, p. de titre, Bibliothèque de Toulouse, La D 169

La recette fut de nombreuses fois modifiée. Au 16e siècle, le nombre de composants augmenta grâce aux nouvelles plantes que les navigateurs ramenèrent de contrées lointaines. A la fin du 17e siècle, le célèbre apothicaire Moyse Charas (1619-1698) découvrit que le venin de la vipère était localisé dans une glande derrière ses crocs : il était donc inutile d’utiliser sa chair, qu’il supprima de la formule.

Richard Mead, A Mechanical account of poisons… Londres : J. Brinley, 1745, Bibliothèque de Toulouse, Fa C 1715

Puis, avec le développement des sciences médicales au 19e siècle, on comprit que parmi tous les ingrédients présents seul un était un principe actif, le papaver somniferum c’est-à-dire l’opium.

Henry Heath, Caricature d’une pharmacie victorienne, 1825, Wellcome Library, Wikicommons

La dernière préparation publique eut lieu en septembre 1790, au lendemain de la Révolution française. La thériaque continua d’être consommée jusqu’à la fin du 19e siècle. Elle figurait encore dans le Codex médical de 1884, puis disparut dans l’édition de 1908.

Chapitre 3La théorie des humeurs

Parmi les œuvres d’Hippocrate (460-377 avant J. C.), c’est dans le traité De la nature de l’homme que figure la théorie des humeurs. Le texte est cependant attribué à Polybe, son gendre, selon les écrits d’Aristote, ce que, plus tard, Galien (129 ?-201 ?) confirmera.

P. Aubry, Portrait d’Hippocrate, dans : A. Foes, Magni Hippocratis medicorum…, Genève : Chouet, 1657-1662, Bibliothèque de Toulouse, Fa A 849 (1)
Portrait de Galien, dans : Les Œuvres d’Ambroise Paré, Paris : Buon, 1585, Bibliothèque de Toulouse, Res. B XVI 88

Ce dernier met en relation les quatre éléments fondamentaux (feu, eau, terre et air) et les quatre caractères entrant dans la composition du corps humain (chaud, froid, sec et humide).

Selon ce principe, humeur et caractère sont intimement liés aux éléments, eux-mêmes réciproquement antagoniques : du feu émane la bile jaune (chaude et sèche) propre au colérique, de l’air provient le sang (chaud et humide) propre au sanguin, de l’eau provient le flegme (froid et humide), nature du flegmatique et de la terre provient la bile noire (froide et sèche) qui rend mélancolique.

Gravure “Les quatre complexions de l’homme”, dans : C. Ripa, Iconologie ou nouvelle explication de plusieurs images…, Paris : Billaine, 1677, vol. 2, p. 61, Bibliothèque de Toulouse, Fa B 2353 (2)

Pour que le sujet reste en bonne santé, les humeurs doivent être constamment équilibrées. Cette harmonie peut être obtenue et maintenue par une hygiène de vie sans faille, principalement fondée sur un régime alimentaire sain.

Gravure dans : J. Devaulx, Les premières œuvres de Jacques Devaulx, pilote en la marine, 1583, BnF, Français 150

Lorsqu’une de ces humeurs est trop abondante ou se trouve insuffisante, le sujet est malade. Cette humeur peut être naturellement expulsée (sueur, urine, sang, bile, etc.) ou régulée par l’intervention du médecin, au moyen de la saignée, de purgatifs, clystères, vomitifs et autres diurétiques ou encore ventouses, autant de traitements empiriques pas toujours, si l’on en croit Molière, administrés à bon escient et dont les effets bénéfiques étaient loin d’être à la hauteur des attentes.

Gravure “Vomitus”, dans : Ibn Butlan, Tacuinum Sanitatis, manuscrit, 11e siècle (original), traduction allemande du 16e siècle, BnF, Latin 9333

Pourtant, cette théorie a longtemps régné sur la civilisation occidentale. Ce n’est qu’à l’orée du 19e siècle, lorsque la médecine, la chimie et la physique moderne ont été mises au point que son inefficacité s’est avérée.

Preuve que cette doctrine a marqué les esprits, certaines expressions subsistent encore aujourd’hui, « être de bonne / mauvaise humeur », « se faire de la bile », « avoir un tempérament sanguin », « être flegmatique »… ou encore « rhume de cerveau » (du grec « rheuma » écoulement).

Maintes traces de ce principe ont inspiré savants, érudits et religieux.

Au 11e siècle, le médecin et chirurgien Ibn Butlan (Bagdad, 10..-1066?), rédige son fameux Tacuinum Sanitatis (Taqwim al-Sihhah, littéralement « La préservation de la santé » ou « Tables de santé »), traité de diététique et d’hygiène inspiré de la théorie des humeurs. De nombreuses traductions latines illustrées de planches botaniques ont notamment circulé aux 13e et 14e siècles.

Gravure “Granata acetosa”, dans : Ibn Butlan, Tacuinum Sanitatis, manuscrit, 11e siècle (original), traduction allemande du 16e siècle, BnF, Latin 9333

Le Franciscain Barthélémy l’Anglais (12..-1272) auteur du Livre des propriétés des choses (De proprietatibus rerum), l’un des premiers ouvrages de vulgarisation scientifique, intègre un chapitre sur la théorie des humeurs.

B. l’Anglais, J. Corbichon (trad.), Le propriétaire en françoys, incunable, Paris : Vérard, 1493, f. 32R, Bibliothèque de Toulouse, Inc. Paris 119

Certains livres d’heures et ouvrages d’anatomie font figurer l’image d’un « homme zodiacal » mettant en relation humeurs, tempérament et signes astraux, ainsi que la position de la lune par rapport aux planètes déterminant le bon moment pour pratiquer la saignée.

Chapitre 4La théorie des signatures

Apparue au 16e siècle, la théorie des signatures considère qu’une ressemblance entre une plante et un organe du corps humain est un signe, une signature de Dieu pour révéler aux hommes les propriétés thérapeutiques de la dite plante. Ainsi, si les cerneaux de noix ressemblent à un cerveau, ils doivent soigner les maux de tête. Les bulbes de plante ressemblant aux organes génitaux masculins doivent agir contre l’impuissance. Une fleur dont le pistil évoque une langue de vipère sert probablement contre la morsure dudit serpent.

Certains textes antiques, tels ceux de Pline l’Ancien (23 ap. J.-C. – 79 ap. J.-C.) dans son Histoire Naturelle, notaient déjà des ressemblances entre plantes et organes, sans y voir autre chose que le fruit du hasard.

Rubens, Portrait de Paracelse, v. 1625, huile sur bois, Musée Royal des Beaux-Arts de Belgique, Inv. 3425, WikiCommons

Le médecin suisse Paracelse (1493-1541) s’en inspira pour échafauder la théorie des signatures, résumée en cette formule: « similia similibus curantur » (« les semblables soignent les semblables »). N’étant pas botaniste, il resta très théorique, sans confirmer sa théorie par l’observation ou l’expérimentation.

Colonna, Abrégé de la doctrine de Paracelse et de ses archidoxes, Paris : D’Houry, 1724, Bibliothèque de Toulouse, Fa D 7144

D’autres médecins s’en emparèrent et découvrirent des signatures de natures chromatiques, morphologiques, biologiques voire astrales.

Portrait de J. B. della Porta, 1688, gravure, Wellcome Library, Londres, Inv. 7927I

Ainsi Giambattista della Porta (1535-1615), médecin italien féru de magie et d’astrologie, recherche dans son célèbre traité des signatures, Phytognomonica, des correspondances entre plantes et astres, dans une vision de l’organisation du monde où l’univers (macrocosme) est lié à l’homme (microcosme). Il s’intéresse aux similitudes entre les parties des plantes et celles du corps humain : le cœur humain est par exemple comparé aux fruits et aux bulbes, l’œil aux fleurs, l’utérus aux fruits, la main aux racines, etc.

G. B. della Porta, Phytognomonica octo libris contenta, 1588, gravures p. 135 et 140, Medica, BIU Santé Médecine, Paris, n° 843
G. B. della Porta, Phytognomonica octo libris contenta, 1588, gravures p. 146 et 152, Medica, BIU Santé Médecine, Paris, n° 84

Il chercha aussi des signatures dans le monde animal : ainsi les plantes sont par exemple comparées aux crustacés et aux scorpions.

G. B. della Porta, Phytognomonica octo libris contenta, 1588, gravure, p. 158, Medica, BIU Santé Médecine, Paris, inv. n° 843

A la Renaissance, la botanique, auparavant limitée aux plantes médicinales, s’affranchit de la médecine en devenant une science autonome. Alors qu’auparavant il s’agissait surtout de commenter des écrits anciens, l’étude des plantes devient progressivement une science d’observation et d’investigation de toute la flore. On assista à la publication d’ouvrages de flore locale et à la création d’un véritable réseau de botanistes européens. Afin de conserver et d’identifier les plantes, même l’hiver, les premiers herbiers apparurent, notamment en Italie avec l’herbier d’Ulysse Aldrovandi constitué de plus de 7000 plantes.

Ulysse Aldrovandi, Dendrologiae naturalis scilicet arborum historiae libri duo, Bologne : G.B. Ferroni, 1668, p. 222-223, Bibliothèque de Toulouse, Fa A 19

Ulisse Aldrovandi (1522-1605), célèbre botaniste italien, organisa dans les années 1550 des expéditions afin de collecter des végétaux pour son herbier. Il récolta également des animaux et des minéraux. A sa demande, un jardin botanique est ouvert au public à Bologne en 1568. Par la suite, les premiers jardins botaniques furent créés, afin d’observer les plantes en situation réelle.

Spargini, Portrait d’Ulysse Aldrovandi, 1605, gravure, Gallica

La théorie des signatures fut contestée dès la fin du 16e siècle par des botanistes et des médecins dont les observations et expériences ne confirmaient en rien le principe des signatures.

Wolfgang Ambrosius Fabricius, Aporēma Botanikon, de Signaturis Plantarum, planche, Nuremberg : Endter, 1653, SUB Göttinger

Elle fut abandonnée au Siècle des Lumières. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en proposa la définition suivante : « rapport ridicule des plantes entre leur figure et leurs effets. Ce système extravagant n’a que trop régné. ».

Aujourd’hui, la théorie des signatures est considérée comme une étape historique du classement des plantes. On peut encore la croiser au détour d’un nom de plante : pulmonaire officinale, sagittaire sagittifoli.

Dans son ouvrage répertoriant toutes les drogues utilisées au XVIIe siècle, Pierre Pomet citait cet animal dans le chapitre des drogues provenant des animaux. Il s’y trouve au même rang que la licorne, les momies ou encore le musc. L’auteur l’imaginait comme un hybride de cerf et de chèvre, comme en attestait son nom capri (la chèvre) cervicae (le cerf). Il consacra un chapitre sur les bézoards où l’on trouve l’une des rares représentations de cet animal à bézoard au XVIIème siècle.

Médecin arabe. Grand clinicien, il est connu pour ses enseignements en médecine dispensé à Séville. Il a été le maître d’Averroès, autre célèbre médecin arabe.

Chirurgien et anatomiste français de la Renaissance. Il a été le chirurgien des princes et des rois Henri II, François II, Charles IX et Henri III. On le présente aujourd’hui comme le père de la chirurgie moderne.

Chimiste français. Berthollet est, après Lavoisier, le chimiste français le plus important de la fin du XVIIIe siècle. Il a été à la fois un théoricien et un praticien. On lui doit notamment des ouvrages sur le blanchiment (découverte de l’eau de Javel) et sur la teinture.

Le saro du Japon (Capricornis crispus) est une antilope-chèvre. Ce mammifère est l’unique capriné sauvage que l’on trouve sur trois des quatre îles du Japon dont la majorité des individus se trouve dans l’île de Honshū. Un temps, on a pensé qu’il pouvait être le fameux bézoard.

Médecin crétois. Il exerça à Rome sous le règne de Néron, et devant le succès de sa pratique, devint le médecin de l’empereur. Il fut l’inventeur de la thériaque.

Les trochisques sont des médicaments sous forme de petites boules ou pastilles sèches ; en l’occurrence la poudre de chair de vipère est agglutinée avec de la mie de pain.

Maître apothicaire et docteur en médecine français. Ce pharmacien a réalisé la première fabrication publique de la thériaque en 1667.

Médecin et philosophe grec au temps de Périclès. Il est considéré comme le « père de la médecine ». Il a fondé l’école hippocratique qui a révolutionné intellectuellement la médecine en Grèce antique. Il rendit la médecine distincte et autonome d’autres domaines de la connaissance, comme la philosophie, pour en faire une profession à part entière.

Aristote, Histoire des animaux, III, 3, 212b 12-613 a 7 (cf.Antoine Thivel, article « Hippocrate et la théorie des humeurs », 1, p. 85-108, Noesis, 1997)

Médecin grec de l’Antiquité. Il exerça à Pergame et à Rome où il soigna plusieurs empereurs. Il est avec Hippocrate l’un des fondateurs des grands principes de base sur lesquels repose la médecine occidentale.

Antoine Thivel, article « Hippocrate et la théorie des humeurs », 1, p. 85-108, Noesis, 1997

Médecin et théologien chrétien irakien (nestorien) de Bagdad. Il a beaucoup voyagé, au Caire, à Constantinople puis à Antioche où il devint moine. Il polémiqua sur les rapports respectifs des climats, des saisons et des peuples sur la santé et l’efficacité des remèdes, sur les méthodes d’enseignement de la médecine, sur le classement des aliments.

Philosophe franciscain anglais. Il fut l’un des premiers encyclopédistes avec son Livre des propriétés des choses (vers 1247). Dans les années 1220, il fréquenta l’université de Paris, où ses leçons sur la Bible rencontrèrent un grand succès. En 1230, le général de l’ordre l’envoya en Germanie en tant que lecteur, dans la nouvelle province franciscaine de Saxe.

Naturaliste et écrivain latin. Il est l’auteur d’une monumentale encyclopédie, intitulée Histoire naturelle, qui compile le savoir de son époque sur des sujets aussi variés que les sciences naturelles, l’astronomie, l’anthropologie, la psychologie ou la métallurgie.

Médecin-chirurgien, philosophe et théologien suisse de la Renaissance. Paracelse, incompris de son vivant, suscita une fois mort, un vif attrait et une forte répulsion. Il écrivit beaucoup mais publia peu de son vivant. On le présente comme le père de la médecine hermétique, qui met en relation deux mondes, le microcosme et le macrocosme.

Naturaliste italien. Féru de magie et d’astrologie, il fut fasciné par le merveilleux, le miraculeux et les mystères naturels. Il tenta sa vie entière de séparer la «magie divinatoire» de la «magie naturelle» et de faire de cette dernière une discipline savante, solidement soutenue par la littérature classique et l’observation.

Botaniste italien de la Renaissance. Il se tourna tout d’abord vers la philosophie et la logique avant de s’intéresser également à la médecine. Professeur d’histoire naturelle à l’Université de Bologne, il fonda également un jardin botanique à Bologne et en fut nommé conservateur.