« Je ne prends pas des photos, je construis des images. »
Propos de François Delebecque, extrait de l’interview accordée à Laurence Le Guen sur Miniphlit
Le 22 janvier 2021, François Delebecque a accordé une interview à Laurence Le Guen, spécialiste de la photolittérature jeunesse en France, sur Miniphlit le carnet de recherche de cette dernière, dont voici un extrait :
« […] Laurence Le Guen – Comment la littérature de jeunesse a-t-elle pris place dans votre carrière ?
François Delebecque – J’ai travaillé très tôt pour Gallimard (couvertures de Séries Noires, Campagne d’architecture Gothique pour l’Univers des Formes…) et pour Gallimard Jeunesse que Pierre Marchand venait de créer. J’ai réalisé avec le romancier Michel Chaillou un roman photo à épisodes pour adolescents (Les Habits du Fantôme) dans la revue Piranha (coédition Gallimard/Télérama) en 1985-86 qui a paru 13 ans plus tard au Seuil Jeunesse sous forme de texte illustré.
L’éditrice/directrice artistique du Seuil Jeunesse Brigitte Morel, constatant le peu de livres pour enfants en photo et au regard de mon écriture visuelle poétique, m’a proposé de travailler sur un projet de livre photo, au départ avec un sujet que j’avais déjà traité en NB : la plage. J’ai réalisé les photos en 10 jours et le texte en une semaine. La Plage d’où les bateaux s’envolent a paru en 2001. Et depuis, à part Les Songes de l’Ours publié chez Thierry Magnier, tous mes livres pour les enfants sont réalisés en collaboration avec Brigitte Morel.
C’est une part de mes activités, que je revendique, complémentaire de mes autres travaux.
LLG –Vous inscrivez-vous dans une filiation photographique ? ou cinématographique ? J’ai cru déceler quelques références filmiques dans vos images.
FD – Initialement je suis franchement d’inspiration photographique, mais de ceux qui « utilisent » la photographie comme moyen d’expression (le reportage est un autre métier par exemple).
Je ne prends pas des photos, je construis des images.
Mes inspirations de structuration photographique sont plutôt Duane Michals, Christian Vogt, Guy Bourdin, Robert Mapplethorpe, Paul de Nooijer, Diane Arbus, Mona Kuhn… et plus tard les plasticiens comme Rebecca Horn, Iannis Kounellis ou des classiques comme Giacometti, Cartier Bresson…
Par contre comme j’ai un style narratif où le contenu de l’image importe tout autant que la forme, et vu que je fais des films courts (je n’aime pas le terme vidéos car mes films sont narratifs) on peut déceler une filiation cinématographique sans être plus appuyée qu’une culture générale. […] »
Extrait de l’article « Francois Delebecque, bâtisseur d’images », Laurence Le Guen, Miniphlit, 2021.
Après des études scientifiques et une initiation artistique familiale, François Delebecque s’est formé à la photographie notamment comme assistant des photographes Paul de Nooijer et Jacques Rouchon. Il exerce comme artiste photographe depuis les années 1980, et développe son univers au fil d’expositions et dans de nombreux projets collaboratifs, avec Gallimard, SVM Mac,… et dans l’édition jeunesse. Également formateur à l’ENSP , l’Ecole Nationale de la Photo d’Arles depuis 2014, il vit et travaille aujourd’hui à Malakoff et Arcueil. Très porté sur la photographie de création, initialement en noir et blanc, puis en couleur, il construit des images en séries. Son univers est complété par des sculptures (chariots en fer à béton et roues de machines agricoles…), des films courts et des installations. Il a publié une dizaine d’albums en direction du jeune public, notamment des imagiers aux éditions des Grandes personnes – En savoir + : www.francoisdelebecque.com & www.delebecque-livres.net
Crédit photo © Gaël Turpo
