L'apothicairerie
L’apothicairerie
L’apothicairerie des Jésuites de Toulouse © Mairie de Toulouse, musée Paul-Dupuy, cliché Daniel Molinier, avec leur aimable autorisation
Qu’est-ce qu’une apothicairerie ?
Une apothicairerie est une pharmacie qui servait à l’élaboration et au rangement des nombreux ingrédients nécessaires à l’infirmerie de l’établissement concerné. Celle présentée ici appartenait au collège des Jésuites de Toulouse.
Une longue histoire…
Les apothicaireries apparaissent en France au 12e siècle. Elles peuvent être des officines civiles (dans les hôpitaux ou chez des commerçants) ou religieuses (dans les monastères). Elles se développent au 16e siècle pour atteindre leur âge d’or aux 17e et 18e siècles.
À Toulouse, les Jésuites étaient installés dans l’ancien hôtel de Bernuy, l’actuel collège Pierre de Fermat, dans la rue Peyrolières, depuis 1567. Mais en 1763, les Jésuites se retrouvent expulsés de France par le Parlement. Ils vendent la pharmacie et son matériel au maître apothicaire Jean-Antoine Vidailhan, qui s’établit au n° 14 de la rue Cujas. Plusieurs générations d’apothicaires se succèdent dans cette pharmacie. A la fin du 19e siècle, Paul Dupuy (1867-1944), collectionneur et amateur d’art et du passé toulousain, rachète la pharmacie et l’installe dans son hôtel particulier qui deviendra le musée qui porte son nom.
Les éléments de l’apothicairerie des Jésuites
Le droguier
On nomme « droguier » l’ensemble des meubles qui contiennent les pots à pharmacie. A vocation fonctionnelle, il est aussi très richement décoré de colonnettes, d’angelots aux ailes repliées, de fleurs et de bouquets de fruits.
Sur les boiseries, on peut lire deux inscriptions latines signifiant « pour la mort même une main habile prépare des poisons » et « armoire remplie d’armes funestes à la mort même ». Les inscriptions « lapides pretiosi » (les pierres précieuses) et « odores aromaticae » (plantes odorantes et aromatiques) permettent de classer les différents ingrédients.
La table de travail
La table au plateau de marbre sert à la confection des préparations. Balances et poids pour les pesées, mortiers et leurs pilons de tailles différentes, livres et éléments utiles à la fabrication des soins étaient posés dessus.
Les pots à pharmacie
Chaque type de pot, pour la plupart en faïence, est adapté à son contenu (liquide, poudre, baume…) et sert à la conservation des ingrédients ou des médicaments.
Certains pots sont ornés du monogramme du Christ (IHS) et celui de la Vierge (MA) : ils constituent les emblèmes de l’ordre des Jésuites.
L’art de soigner au temps des Jésuites
Les apothicaires des 17e et 18e siècles utilisent des produits d’origine naturelle, en macération, infusion et décoction. Après extraction du principe actif de la plante (par broyage, pulvérisation, tamisage…), les médicaments sont fabriqués sous la forme la plus efficace pour la conservation du produit et pour l’administration au malade (sirop, cachet, granules, pilule, onguent, etc).