L'apothicairerie

Huile de petits chiens

Pot huile de petits chiens, collection particulière, cliché Frédéric Gaudet

Le célèbre chirurgien Ambroise Paré (1510-1590) utilisait l’huile de petits chiens pour cautériser les plaies. Il tenait sa recette d’un chirurgien de Turin qui l’utilisait pour soigner les blessures d’arquebuse. Une recette qui doit plus sa possible efficacité à la présence de la térébenthine qu’à celle des petits chiens.

Le remède évolue avec le temps. Au 17e siècle, il sert à fortifier les nerfs, à soigner la sciatique et la paralysie d’après la Pharmacopée universelle (1697) de Nicolas Lémery (1645-1715). La première édition de l’Encyclopédie universelle de Diderot (1751) précise qu’on n’utilise finalement que la graisse des chiots, puisque c’est la seule chose qui soit soluble dans l’huile.

« Prenez deux petits chiens nouveaux nés ; on les coupera par morceaux, on les mettra dans un pot vernissé avec une livre de vers de terre bien vivants, de l’huile de lys et de la térébenthine ; faites bouillir pendant douze heures jusqu’à ce que les petits chiens et les vers soient bien cuits ».

N. Lémery, Pharmacopée universelle…, Paris : Hérissant, 1763-1764, tome 2, p. 1012-1013, Gallica

En 1784, Antoine Baumé, maître apothicaire de Paris, remplace la térébenthine par le vin blanc et précise de bien prendre soin de remuer l’ensemble avec une spatule de façon à ce que les ingrédients n’attachent pas. Le tout était mis en cruche fermée par un bouchon de liège puis exposé au soleil durant deux à trois semaines.

A. Baumé, Éléments de pharmacie théorique et pratique…, Paris, Samson, 1773, p. 730-731, Bibliothèque de Toulouse, Fa C 112

Chirurgien et anatomiste français de la Renaissance. Il a été le chirurgien des princes et des rois Henri II, François II, Charles IX et Henri III. On le présente aujourd’hui comme le père de la chirurgie moderne.

Apothicaire, chimiste et médecin français. Chimiste de formation, il est arrivé tardivement à la médecine. Il a marqué l’histoire de la chimie pour avoir tenté d’appliquer une approche corpusculaire à cette science alors balbutiante. Le livre qu’il a publié en 1675, le Cours de chimie, devenu un classique de la littérature scientifique, connut dès sa sortie un succès considérable et fut régulièrement réédité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.