Après des études au studium generale de Montpellier, Bernard Gui est nommé lecteur puis prieur de plusieurs couvents méridionaux à Albi, Carcassonne, Castres et Limoges, avant d’être promu inquisiteur du siège de Toulouse à partir de 1307.
A partir de cette période, il se fait l’historien de l’ordre des Prêcheurs, et tout particulièrement des couvents méridionaux de la province de Toulouse. Ses recherches sont conservées par le couvent des Dominicains de Toulouse dans trois exemplaires, dont deux volumes sont considérés comme étant de sa main (Toulouse, BM, ms. 489 et 490), trahissant des additions et remaniements de son œuvre, nourrie par sa consultation des archives des divers couvents.
Bernard Gui entreprend aussi une Chronique universelle, contenant les catalogues des papes, des empereurs et des rois de France depuis les origines. L’Arbre généalogique des rois de France constitue la pièce la plus spectaculaire de ce recueil d’histoire (Toulouse, BM, ms. 450) composé sous sa supervision directe. Sur les dix feuillets qui concernent l’arbre généalogique, se trouvent 36 médaillons en pied des rois de France et 142 petits médaillon dépeignant les portraits en buste de leur entourage. Ce manuscrit a été enluminé par un artiste toulousain des années 1310-1320.
Une fois évêque de Lodève, Bernard Gui entame la rédaction d’un vaste recueil de vies des saints : le Miroir des saints. Cette somme en deux volumes est achevée en 1329, peu de temps avant sa mort. L’exemplaire conservé par les Dominicains de Toulouse a été exécuté sous sa direction et offert au couvent, comme l’indique une note écrite après la mort de Bernard, ajoutée sur les pages de garde des livres (Toulouse, BM, ms. 480, f. 142v et ms. 481, f. 130v). En tête des deux volumes, une initiale historiée montre Bernard Gui offrant son travail au pape Jean XXII.
La postérité a surtout retenu de Bernard Gui son activité d’inquisiteur depuis le succès du roman d’Umberto Eco, le Nom de la Rose, puis du film qui en a été tiré par Jean-Jacques Annaud en 1986. Dans ce dernier, un certain « Bernardo Gui » intervient à la fin de l’histoire avec la ferme intention de brûler tous les protagonistes.
Cette activité d’inquisiteur, que Bernard Gui occupe de 1307 à 1324 à Toulouse, est illustrée dans les collections du couvent par l’exemplaire du Manuel de l’inquisiteur, rédigé dans les dernières années de sa charge, à l’usage des inquisiteurs qui lui succéderaient. Ce petit ouvrage, contient les formules types que les inquisiteurs pouvaient utiliser pour faire citer ou incarcérer diverses sortes d’hérétiques, et détaille les différents degrés de peine : port de croix, pèlerinage, confiscation de livres… Le livre donne aussi plusieurs moyens pour se prémunir « des ruses des hérétiques et obtenir d’eux des avis sincères », développements qui semblent justifier pleinement nos préventions actuelles contre cette figure marquante du couvent de Toulouse !
(Toulouse, BM, ms. 388, f. 53r)
Liste des manuscrits de l’œuvre de Bernard Gui possédés par les Dominicains de Toulouse :
Étienne de Salagnac et Bernard Gui, Des quatre grâces insignes de l’ordre des Prêcheurs, Bernard Gui, Catalogue des maîtres de l’ordre, des prieurs provinciaux, des couvents, des prieurs etc., 1305-1309 (avec additions et mises à jour jusqu’en 1505). Toulouse, BM ms. 490.
Étienne de Salagnac et Bernard Gui, Des quatre grâces insignes de l’ordre des Prêcheurs, Bernard Gui, Catalogue des maîtres de l’ordre, des prieurs, histoire des couvents etc., 1308 (et additions jusqu’en 1328). Toulouse, BM, ms. 488.
Étienne de Salagnac et Bernard Gui, Des quatre grâces insignes de l’ordre des Prêcheurs, Bernard Gui, Catalogue des maîtres de l’ordre, des prieurs, des couvents, des chapitres etc., 1312 (et additions jusqu’en 1346). Toulouse, BM, ms. 489
Bernard Gui, Catalogue des papes romains, Arbre généalogique des rois de France, Histoire des comtes de Toulouse, Les noms des disciples du Christ, Vie de saint Saturnin, Vie de saint Exupère, Histoire des évêques de Toulouse etc., 1314-130. Toulouse, BM, ms. 450.
Bernard Gui, Le miroir des saints, 1329-1331. Toulouse, BM, ms. 480 et Toulouse, BM, ms. 481.
Bernard Gui, Manuel de l’inquisiteur, après 1331-1399. Toulouse, BM, ms. 388.